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Nairobi, Kenya : migration shaping the city

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(2014)

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  • @suzyplusquellec

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  • @perret
    7 years ago (last updated 7 years ago)
    Le livre « Nairobi-Migration shaping the city » a été écrit par Shadi Rahbaran et Manuel Herz a partir d’un projet de recherche de l’ETH Studio Basel, en collaboration avec le département de l’architecture de Nairobi. Ses auteurs sont tous deux des architectes ; Mme Rahbaran est une professeure d’urbanisme à l’ETH Studio Basel depuis 2007 et Mr Herz est le professeur en chef de l’ETH de même qu’un chercheur sur l’Afrique Saharienne et Sub-saharienne. Rédigé en 2014, cet ouvrage s’intéresse à la capital du Kenya, Nairobi ; l’une des villes les plus cosmopolite et multi-face du monde. Leurs recherches démontrent que le contexte historique (colonial et post-indépendant), ainsi que plusieurs types particuliers de flux migratoires, ont influencé les tracés urbains; favorisant l’émergence de plusieurs quartiers aux trames et systèmes urbains totalement diffèrent et indépendant les uns des autres. C’est ce qui crée une structure de pouvoir multipolaire. Ils vont démontrer au travers de leur analyse quatre quartiers bien différencié : Le bidonville de Kibera, la zone ONU de Gigiri, le quartier commercial Somalien de Eastleigh et l’architecture d’indépendance du Central Business Center. Si l’on regarde l’ensemble du texte, certains points se répètent et transparaissent dans l’ensemble des discours sur chaque quartier. L’un des points qui est le plus flagrant lors du raisonnement sur l’évolution de la ville est celui des effets de la ségrégation. Ils en parlent clairement lorsqu’ils présentent le passé colonial de Nairobi. Fondée d’abord comme un camp de chemin de fer, elle s’est peu à peu organisée spatialement suivant la pensée ethnique et raciste prévalent de l’époque. Les plans de 1889 et ceux de zoning de 1905 ont placé les blancs dans la partie Nord de la ville et les noirs dans la partie Sud. Ce que je trouve très intéressant, c’est qu’il y a aussi une ségrégation ethnique se passant entre les différentes ethnies Africaine même. Démontré avec les Nubiens en 1912 « P.27 : The Nubians were classified as "detribalized natives" not belonging to any Kenyan tribe or ethnic groups. This status precluded any formal right for the Nubians to own land on Kenyan native reserve» et les Somaliens en 1991 « P.95: The Kenyan government… now opted for much more restricted regulations when facing when facing the increase in the refugee flow. They had to reside in the camps and were not allowed to work» qui sont considéré comme ayant des droits différents des Kenyan et de ce fait sont placés dans leurs propres zones. Ces formes de ségrégations vont renforcer, voir même être la source des problèmes d’occupations informelles et de multipolarité que je relèverai ci-dessous. Aujourd’hui, la ségrégation n’est pas seulement coloniale et ethnique, elle est aussi sociale. Nairobi est l’emplacement d’un des quatre sièges de l’ONU dans le monde. Leur présence est normalement bénéfique car elle attire les ONG et les expatriés. Afin de pourvoir aux besoins de ces derniers, de nombreuses infrastructures et institutions sont créées. Etonnamment, au lieu d’aider la ville, cela renforce le clivage Nord/Sud. Les humanitaires sur place travaillent pour aider Kibera au Sud, mais le fait qu’ils vivent au nord de la ville dans des quartiers sécurisés sabote leurs efforts. La majeure partie des nouvelles infrastructures y sont installées; beaucoup trop loin pour que les habitants de Kibera puissent en profiter. De plus, la zone bleue qui protège l’ONU d’attaque terroriste complique encore les échanges, chose qui semble désoler les auteurs « P.63: Seeing the development of urban infrastructure serving the expat, one can only wonder about the effect if they resided close to their upgrading projects ». Il y a encore un troisième clivage apparent. On ne peut pas parler de ségrégation, mais il me semble important de parler du malaise que la population de Nairobi ressent envers le CBD qui est sensé représenter le Kenya Indépendant de 1960. Cette nouvelle identité nationale n’a pas été planifiée par des Kenyan, mais par des acteurs aux méthodes étrangères. Si les quartiers de Gigiri et du CBD sont pensés par des planificateurs extérieurs, suivant une occupation formelle et bien infrastructurée, ce n’est pas le cas pour Kibera et Eastleigh. C’est le deuxième point flagrant de leur discours : la différence entre une occupation formelle et une occupation informelle (informelle voulant dire ici : "en dehors de lois et des règlements"). Suite aux ségrégations, les Nubiens et les Somaliens n’ont aucun droit foncier, ce qui fait d’eux, aux yeux du gouvernement soit des squatteurs, soit des personnes inexistantes. Cela crée une incertitude néfaste pour la population. Ici, ils ont relevé un fait intéressant. Dans le cas des Nubiens, certains ont profité de ce statut pour diviser et louer leur terrain aux nouveaux immigrants « P.29 : Nubians…recognised the advantages of becoming Landlords of land that was free and not subject to tax». Cela crée la densification non planifiée de Kibera et amène au développement d’un bidonville. De plus, le rendement maximum les pousse à ne pas installer d’infrastructures vitales, ce qui augmente encore la précarité. Les Landlords deviennent des acteurs de la trame urbaine de Kibera, répondant aux besoins primaire du logement. Les Somaliens sont eux aussi invisibles au regard du gouvernement. Ils sont à majorité marchands et font partie d’une diaspora mondiale. Ils se sont installés illégalement dans le quartier de Eastleigh. Ils y ont formé l’une des plus grandes plaques tournantes de l’Afrique de l’Est. Profitant du faible coût des transports, des contacts de la diaspora et des évasions fiscales sur l’importation, ils vendent leurs marchandises à un prix très compétitif. L’informel pourrait donc être considéré dans les deux cas comme un nouveau paradigme agissant sur la ville au même titre que la planification urbaine du gouvernement. En conclusion, la forte ségrégation et les organisations formelles et informelles de Nairobi l’ont divisé. Le conseil de la cité veut représenter la ville, mais reste déconnecté face à la réalité urbaine. Ils n’ont pas réussi à prendre la responsabilité des infrastructures et de tous les quartiers de la ville au niveau urbain et les ont délégués, volontairement ou non. Chaque quartier est soumis à ses propres règles et ses propres systèmes. Gigiri est contrôlé par les ONG et leurs enjeux. Kibera est contrôlée par les intérêts des Landlords. Eastleigh est contrôlé par les intérêts commerciaux de la diaspora Somalienne. Au final, nous avons trois quartiers avec un haut niveau d’autonomie et qui sont trois pouvoirs indépendants du gouvernement. Trois pouvoirs prenant des directions contradictoires, se battant pour les mêmes ressources et mettant en avant leurs propres agendas. Cela crée une multipolarité qui divise Nairobi et handicape le développement futur de la métropole africaine. Un développement que le gouvernement imagine devoir se faire par l’attraction de compagnies et d’investisseurs étrangers. On peut néanmoins se demander si cela ne risque pas d’amener de nouveaux acteurs urbains qui ne feront qu’augmenter les clivages existants?
  • @suzyplusquellec
    10 years ago
    J’ai choisi de m’intéresser au livre Nairobi Kenya, migration shaping the city, écrit par Manuel Herz et Shadi Rahbaran et édité par l’ETH Studio Basel. Ce livre est le résultat d’un projet de recherche engagé par l’ETH studio de Bâle en collaboration avec le département d’architecture de l’université de Nairobi et l’école Harvard Gratuated School of Design. Manuel Herz est un architecte basé à Bâle. Il est principalement connu pour la construction de la synagogue et du centre communautaire juif de Mayence. Il est également enseignant et chercheur à l’ ETH Studio de Bâle, dans le département Contemporary City Institute. Ses recherches et son travail s’intéressent au domaine de l’architecture de « l’action humanitaire ». Shadi Rahbaran, lui aussi architecte enseigne et fait de la recherche, à l’ETH studio de Bâle, auprès de Jacques Herzog et Pierre De Meuron, depuis 2007. Auparavant il a enseigné à Cornell University et Harvard Graduate School of Design. Le propos général de l’ouvrage est d’expliquer que Nairobi - capitale cosmopolite, accueillant de nombreux flux migratoire (émigration rural, afflux de réfugiés, colonisation, …) - a une forme urbaine qui est générée par ces différents flux. Ce phénomène transparaît aussi bien dans l’environnement architectural de la ville, que dans son organisation. Elle est modelée par ces mouvements de population. Après une introduction sur l’évolution historique et urbaine de la ville, les auteurs analysent quatre quartiers caractéristiques de Nairobi, qu’ils développent dans quatre chapitre : Le premier, Kibéria, est l’un des plus gros bidonville de l’Afrique. Le deuxième est le quartier de l’ONU, il regroupe les institutions et les ONG. Le troisième est un quartier de réfugiés somaliens, dont ces derniers ont réussi à développer un quartier commercial florissant. Le quatrième est le centre d’affaire CBD (Central Business District). Dans ces exemples, il documente la façon dont ces flux migratoires redynamisent et redessinent la ville. Les auteurs concluent en expliquant que plusieurs facteurs sont à l’origine du développement, de l’agrandissement et de la densification de cette ville aujourd’hui composée de 4 millions d’habitants. Les flux migratoires ruraux et urbains et ceux des migrants étrangés (réfugiés, expatriés, …) font partis des facteurs majeurs. Ces différentes formes de flux migratoires génèrent différentes formes de pouvoir qui sont alors localisées et spatialisées. De plus, par la venue de migrants que ce soit des architectes internationaux qui produisent une architecture moderne ou les réfugiés somaliens qui participe à l’export commercial dans le monde, l’immigration entraîne un effet de mondialisation. Les auteurs soulignent que généralement, la mondialisation a pour effet d’homogénéiser, alors que ici, au contraire elle développe des conditions urbaines hautement spécifiques qui ne peuvent exister qu’à cette endroit. En filigrane des quatre études de cas, les auteurs abordent deux thèmes : Les contrastes et paradoxes d’une ville ségréguée, les systèmes économiques et de pouvoir formels et informels 1/ Les contrastes et paradoxes d’une ville ségréguée Les auteurs racontent que c’est tout d’abord la colonisation anglaise (1896) qui a en premier lieu établi une ségrégation spatiale et raciale dans la ville en mettant en place un plan divisé dont le schéma général prévaut toujours aujourd’hui : La partie Nord-ouest, sur la colline a toujours accueilli la population plutôt riche comme les colons anglais. Aujourd’hui, c’est la partie de la ville où s’est développée notamment les quartier de l’ONU et le CBD. Alors que la partie sud-est, plus aride, et sujette aux inondations, a toujours été peuplée par la population la plus pauvre. Nairobi est divisée en deux. Les africains locaux étant bannis de la ville par le gouvernement britannique colonial n’avaient pas le droit non plus d’être propriétaires. Ces mesures ont participé à l’efficacité du plan de ségrégation. Les auteurs démontrent que cette ville avec cette ségrégation persistante est toujours très contrastée avec des quartiers riches comme celui de l’ONU et d’autres d’une extrême pauvreté comme celui de Kibéria. Après l’attentat à Nairobi une zone bleue a été dessinée dans le plan de la ville. C’est une zone sécurisée qui se développe sur la partie Nord-ouest, là où se trouve les institutions et les expatriés. Sous le couvert de protection, il est entendu une séparation d’autant plus marquée (comme celle des gated communities). Les auteurs soulignent également que les ONG résident non pas dans les quartiers où elles agissent mais dans cette zone bleue zone où la sécurité et la protection est renforcée. Ils se demandent si ce fait ne participe pas d’autant plus à ce phénomène de polarisation «Despite the fact that this power structure rests upon social and humanitarian agenda, its urban potential for social involvment and integration measures has not been exploited. Rather, there seems to be an increased social and urban disconnection, which enhances the existing segregation and polarization in Nairobi »(p.66). Pour conclure cette partie, on peut relever que s’il s’agissait d’une ségrégation purement racial à l’époque de la colonisation britannique, il s’agit aujourd’hui plutôt d’une ségrégation sociale ou de pouvoir. On peut en effet se demander comme les auteurs si plus de mixité permettrait d’améliorer les conditions de vie des populations les plus pauvres. On peut en effet imaginer que cela aurait une répercussion sur l’infrastructure (aménagement et assainissement). On peut également réfléchir dans quelle mesure la notion de sécurité est un frein à cette plus importante mixité. On peut aussi se demander comment le contraste si marquant entre les niveaux de vie est totalement compatible avec plus de porosité. 2/ Les systèmes économiques et de pouvoir formels et informels Les auteurs ont comme parti pris que chaque forme de flux migratoire génère sa forme de pouvoir. Et donc que la prévalence du pouvoir gouvernemental est affaibli par ceux informels. « The different and segregated urban patterns in Nairobi are indicative of the coexistence of thèse multiple power systems. » (p.9). Pour chaque quartier, ils définissent en quoi consiste le pouvoir et les systèmes économiques. Ils expliquent que le pouvoir gouvernemental s’exprime le plus visiblement dans l’architecture notamment dans le CBD, c’est plus particulièrement le cas avec la tour KICC (Kenya International Conference Center). « Beyond their functional role and purpose of cementing Nairobi’s center as the power hub of the nation, these buildings also played a rôle in increating a visible « face » for the new nation and the etablishment of a national unity. » Pour le quartier de l’ONU, le pouvoir est lié directement de son influence international. Les auteurs expliquent que en quelques sortes, les ONG ont plus de pouvoir que le gouvernement pour faire face à la pauvreté et aux conditions d’insalubrité. Enfin, ils mettent en exergue que l’ONU est un employeur d’importance puisqu’il emploie avec 4600 employés au Kenya dont 3300 à Nairobi (chiffres de 2003). Pour Eastleigh, les auteurs insistent sur la façon dont les réfugiés somaliens, qui normalement n’ont pas le droit de travailler, ont réussi à développer un commerce à l’échelle international. En effet, grâce à leur sens du commerce et leur réseau communautaire, ils ont réussi à mettre en place une forte importation et exportation à l’international, participant ainsi au rayonnement commercial nigérien et à sa mondialisation. Dans Kibéria, ils expliquent que les habitants - bien que la terre leur appartenant pas - ont aussi cependant à développer un système de location d’espaces habitables. Cette étude de quatre cas différents étayent donc les propos des auteurs qui voient pour chaque population un système de pouvoir formel ou informel. On peut en effet observé que chaque population est plus ou moins livrée à elle-même dans un espace défini et qu’elle agit d’elle même sur l’urbain, ce qui diffère notamment des pays occidentaux qui ont plutôt tendance à appliquer une politique sociale d’intégration, qui peut consister à construire des logements pour les plus pauvres ou à mettre en place un système de financement. Le dernier plan urbain publié en 2008, appelé « A World Class African Metropolis », comme expliquent les auteurs, va dans le sens d’un développement de la ville pour la population la plus aisée et beaucoup pour celle plus populaire. Finalement les propos de ces chercheurs poussent à se questionner qui a le plus de pouvoir les systèmes ou ceux informels ? Ceux formels ont-il de pouvoir économique que de pouvoir en terme d’image, de représentation ? Pour conclure, on peut dire qu’en effet les différentes populations qui se juxtaposent dans la ville participe à la création de formes urbaines différentes. On peut relevé que dans la partie nord-ouest, la forme découle de choix alors que dans le sud-est de la ville elle est seulement une réponse à des besoins fonctionnels et spatiaux souvent primaire. Quand aux propos des auteurs sur la mondialisation, on peut en effet admettre que depuis l’indépendance, Nairobi s’est développé et qu’elle a un phénomène de rayonnante et d’attraction à l’international. Mais l’ouvrage dit peu sur l’échange au sein de la ville et des différentes communautés. On peut finalement se demander si le phénomène d’attraction internationale de Nairobi n’est pas plus politique qu’économique ?
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